Retour dans l'enfer du chemin creux, ... voilà par quoi je pourrais commencer, mais quel chemin creux?
Celui de Waterloo peut être?...Non pas du tout!
Celui de Lobbes, mais j'y reviendrais plus loin en attendant je débuterais par des petites vues comparative avant/maintenant...
Beaucoup de chose on changé en 100 ans...
Voilà donc un petit retour en arriére pour constater de visu que des choses ont changés depuis cent ans... enfin si l'on regarde bien les photos, pas tant que çà.
Certaines maisons sont toujours présentes, d'autres ont été rasée et des nouvelles construction ont pris place.
Par contre les infrastructures routières, elles... elles ont bien changé, d'un pont-levis, on est passé à un pont route moderne.
Mais lorsqu'on gratte le fond des choses, immuablement, il y a des choses qui ne changent pas tant que çà...
Et là j'en viens au Chemin Creux de la bataille de Lobbes.
Je vous invite à me suivre dans ma pérégrination et sur les traces d'un point chaud de la bataille de Lobbes où les affrontements entre allemands et français furent tout aussi violent et sanglant, surtout lorsqu'on sait que des corps-à-corps ont eu lieu.
Voici donc le parcours suivi.
A - Point de départ : Le pont de lobbes
B - Entrée du chemin communale
C - Le début du chemin creux
D - Intersection de traverse pour rejoindre la ruelle du Heuleu
E - L'orée du bois de Bambois
F - Intersection de la traverse et de la ruelle d'Heuleu
G - Intersection avec la ruelle et le rue d'Heuleu
H - Rue de la Grattière
I - Vers Thuin et Beaumont
Petit clin d'oeil sur l'Abbaye St Ursmer avant de rentrer dans le vif du sujet...
Petit parking situé au abords du pont route de Lobbes et vue sur la rue des briqueteries.
C'est dans cette direction que l'on va se diriger d'un pas nonchalant...
A quelques mètres de là, sur la gauche, un semblant de chemin.
A priori rien de significatif qui ressemblerait à un chemin creux mais juste un panneau qui nous indique que c'est une voirie communale.
On s'y engage à pas tranquille entre deux grillages qui délimite de part et d'autres les propriétés adjacentes.
Rien de rassurant cela dit, lorsqu'on voit le bout du chemin... là on se dit :
"A mon avis, c'est plutôt choux blanc et cela ne mène à rien!"
En fait, la curiosité aidant, on remarquera sous les frondaisons que le chemin se prolonge bien sous les feuillages...
Je me sens tout à coup aspiré, et l'envie de pousser plus en avant ma promenade de repérage se fait sentir.
La limite de la propriété que je longeais sur ma droite se fait entrevoir et un trou noir apparaît...
Mais ici, point de chemin creux ou de fossé...
Est ce que le chemin creux ne serait pas un mythe?....
Arrivé à la limite de la propriété précédemment citée et légèrement sur ma droite, je remarque un cheval paisible et en arrière plan l'orée du bois de Bambois...
Si le 23 août 1914, des allemands étaient arriver à cette limite, on peut imaginer aisément le crépitement des flammes des fusils éclairer les ombres des feuillages, sans pour autant dévoiler les soldats activant ce feu d'artifice mortel.
Je m'engouffre dans le "trou noir" et là surprise...
Je suis effectivement dans un chemin creux.
Quasi à hauteur d'homme,...
Une tranchée naturelle mais ô combien protectrice...
Un endroit réconfortant en terme de protection des tirs allemands.
Un coup d'oeil sur ma droite me fais entrevoir entre les feuillages, l'arrière des maisons qui bordent la rue de la Grattière...
Une pensée est là :
"Un chose est sure, si j'avais été soldat à cette époque et si le chemin dans lequel je me trouvais à l'instant avait été submergé par les allemands, il ne m'aurait pas pris l'idée de fuir en traversant cette zone trop dégagée au risque de me prendre une balle dans la nuque ou dans le dos." Sur mon côté gauche par contre, j'imaginais les échanges de feu entre les positions d'en face et celle où je me trouvais, et la simple pensée d'imaginer un groupe d'allemands sortir en chargeant avec la baïonnette au fusils, me frémissait dans le dos...
Le terrain légèrement en pente leur donnait un avantage de vitesse indéniable dans leur course à la tranchée...
Tel à l'image d'un capitaine ou d'un autre subalterne, je continue mon inspection de la ligne et j'avance plus en avant dans le chemin creux, qui porte bien son nom...
Imaginant des soldats français en position d'attente et prêt à faire feu sur le côté droit du chemin...
Chaque courbe engagée réserve une nouvelle vue ...
Ici, j'arrive à l'intersection d'un chemin de traverse qui part sur la gauche pour rejoindre la ruelle d'Heuleu.
Mais mon investigation et ma curiosité me pousse à continuer ma route... comme si je voulais affronter un ennemi fantôme...
Constatation : Le chemin de traverse ne réserve aucun intérêt de protection ni sur le flanc gauche, ni sur le flanc droit, hormis haie et quelques arbres alignés.
Mais j'y reviendrais pour le découvrir par la suite...
Mon engagement dans le chemin creux me fait découvrir une tranché encore plus profonde.
A cet endroit, les soldats qui y étaient présent ne pouvaient subi aucun tir car le monticule sur la droite est au delà des 2 mètres de haut!
Faisant ainsi du chemin creux, une véritable tranchée protectrice mais aussi un mouroir pour ceux qui y étaient dedans en cas d'assaut ennemi sur les flancs.
Enfin, le chemin creux s’atténue pour enfin arriver à l'orée du bois de Bambois.
Ici par contre, je remarque plusieurs dénivellement qui se croise et s'entrecroise.
Ces dénivellements ont été fait à force de l'érosion des pluies et l'on comprend vite que le chemin creux était certainement un petit ruisseaux d'évacuation des eaux de pluies du plateau du Heuleu mais aussi du bois de Bambois.
Le chemin creux est donc plus ancien qu'il n'y parait...
Le temps et les pluies ont fait l'oeuvre de ce décor planté pour devenir plus tard, un lieu sanglant.
Le Bois de Bambois est de surface plane et l'ont peut imaginer l'avancée des soldats allemands pas à pas, bondissant parfois d'un arbre à un autre pour se protéger des tirs français.
Une mitrailleuse française installée ici aurait pu arrêter l'avancée des allemands mais elle aurait pu être tout aussi rapidement enlevée par l'ennemi car la zone est sur 180° et de plus le flanc droit longe un rabais qui redescend vers la Sambre permettant à l'adversaire d'avancer sous couvert des tirs.
Au travers des arbres et sur ma droite, le plateau du Heuleu.
Aujourd'hui c'est le maïs qui se dresse pour remplacer les soldats couchés pour l'éternité. Le trajet de retour est là, ... et l'on voit le début du chemin creux au niveau de l'orée du bois de Bambois.
En redescendant le chemin, une autre pensée me traverse l'esprit... celui d'être un soldat allemand qui s'engage dans ce chemin pour affronter l'adversaire...
Cet endroit est un vrai coupe-gorge! Arrivé à l'intersection de la traverse, je prend un coup d'oeil sur le plateau du Heuleu
"A l'horizon un cheval ayant perdu son capitaine?..." Le chemin de traverse est engagé... futile issue de retraite pour les soldats français placés dans le chemin creux....
La maison sur la droite est contemporaine, mais il faut imaginer un chemin protégé par une barrière de bois, une haies ou quelques arbres de part et d'autre...
Les derniers mètres sont légèrement abruptes...
Un coup d'oeil sur la droite où le plateau du Heuleu est présent...
En face?... A nouveau un terrain dégagé qui laisse entrevoir des maisons.
Celles-ci bordent la ruelle d'Heuleu dans laquelle je me trouve.
En cas de retraite, cette zone est à éviter, car elle est trop nourrie par le feu ... trop à découvert!
Ne restant plus qu'à redescendre parla ruelle du Heuleu qui malgré tout est bien protégée...
Le calme de cette journée ne fait qu’entre-frémir le bruits les feuilles par le vent dans les arbustes, le chants des oiseaux et le ruissellement de l'eau dans la rigole...
"Aujourd'hui l'eau claire s'écoule, hier, c'était le sang!"
Tout en descendant la ruelle d'Heuleu, je ne peux m'empêcher de penser à ce que les soldats des deux camps ont du subir et surtout à quoi ils devaient faire face dans le blancs des yeux...
Le choix de mourir pour la postérité oubliée, le choix de survivre face à l'autre en lui enlevant sa vie, le choix de reculer en essayant de sauver ce qui pouvait être...
Poursuivant mon périple, j'identifie au détour d'une courbe le chemin de la Grattière qui pour certains, était la voie de la sortie de l'enfer avec les blessures du combat, et pour d'autres, la voie d'une victoire bien assurée.
Arrivée à l'intersection de la ruelle et de la rue d'Heuleu...
Légérement sur la droite, le bord du plateau du Heuleu avec les quelques arbres du panorama...
On peut aisément imaginer les positions françaises avec les éventuels observateurs.
La rue d'Heuleu rejoint ce promontoire d'ailleurs... abruptement cela dit.
La ruelle d'heuleu par contre, continue son trajet pour rejoindre la route de la Grattière.
Un coup d'oeil vers l'arrière afin de voir si les esprits des soldats allemands ne m'ont pas poursuivi...
Une plaque de rue bien classique, mais avec un nom bien significatif!
La redescende vers le pont de Lobbes se fait savoir...
"St Ursmer se fait rassurant à l'horizon, mais il est trop tard, les allemands y sont déjà..."
Les temps ont changés, ... et pourtant... ... entre ces deux vues, la sérénité y est toujours, terminant ainsi mon périple.
Retour à la maison avec cette promenade au coeur de l'enfer...
Un truc me chagrine l'esprit... et je compulse mes archives de cartes et plans.
Je découvre une anomalie cartographique d'auteur...
A l'endroit indiqué par sur cette carte, le chemin creux ne relie pas le bois de Bambois!!!
Hors si l'on adjoint une carte actuelle avec celle de l'auteur, on constatera que le chemin creux parcouru lors de ma promenade, rejoint bien le Bois de Bambois...
Dés lors, une question se pose à moi... Quelles étaient les positions du 3/144ème et du 4/144ème réellement au départ de cette bataille?
L'auteur à représenté les positions du 3/144ème et du 4/144ème quasi en ligne...
Ce qui signifie que les deux compagnies étaient en position linéaire simple laissant un passage quasi ouvert au niveau de l'orée du bois de Bambois... (Bleu clair)
Cette situation ne pouvait être que catastrophique pour les français puisqu'il n'y a aucun soutien en retrait.
le point de jonction des deux compagnies aurait pu être vite brisée (Rond point bleu foncé)
Obligeant dans cette situation, le 4/144ème a faire retraite le long de la ruelle d'heuleu par le sud Ouest et au 3/144ème à redescendre vers la Sambre risquant ainsi de se faire couper la route de retraite par la route de la Grattière...
J'envisage une autre hypothèse à ma question...
Et si...
Et si les deux compagnies n'étaient pas en liaison mais l'une derrière l'autre comme tel...
Le 3/144ème est en position dans le chemin creux avec contrôle sur les abords de la Sambre, ceux ci ayant comme possibilité de retraite de cet engorgement, la rue de la Grattière par le long de Sambre et l'autre issue de retrait par le chemin de traverse allant vers la ruelle d'heuleu...
Le 4/144ème étant en soutien pour renforcer les lignes du 3/144ème au besoin mais surtout pour en assurer une couverture de retraite à cette dernière, cela limitant les pertes par le déplacement des soldats par les couverts des rues et des maisons....
Quoiqu'il en soit, les allemands ont pu rabaisser le pont levis de Lobbes qu'en passant en force soit par le chemin de la briqueteries qui longe la Sambre et/ou en utilisant le Chemin creux... puisque d'apparence, ce sont les deux chemins les plus rapide d'accès à cet endroit hautement stratégique.
En bref, une belle promenade aérée avec une découverte et tout plein de questionnement et d'hypothèse en retour...
De quoi débattre somme toute...
Jack